mardi 4 novembre 2014

Sénégal: Daouda LY, ancien international de football « Il nous faut de vrais guerriers comme en Caire 86 pour représenter le Sénégal… »



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Au milieu des années 90 au Sénégal, il était l’un des meilleurs gardiens de but de sa génération. Le Sénégal présageait un grand avenir pour le gardien international Daouda Ly (photo) mais un rêve qui ne finit pas à se réaliser. Aprés une carrière riche dans le championnat sénégalais, l’ancien gardien de L’Us Gorée et du Ndiambour de Louga n’a pas fait mieux que d’être presque pendant cinq (5) ans la doublure du gardien international Oumar Diallo. Dans cet entretien, il relate les raisons qui l’ont empêché de percer en équipe nationale du Sénégal. Après des moments forts passés dans la tanière, l’ancien gardien de but des lions jette un regard sur cette équipe du Sénégal qui joue son avenir contre l’Egypte le 15 novembre prochain au Caire pour les qualifications de la Can 2015.

Présentez vous à nos lecteurs ?

Je m’appel Daouda Ly, je suis international sénégalais. J’ai débuté ma carrière dans le mouvement « navetane » (Championnat populaire dans les quartiers) avec l’ASC Sirath de Pikine. Après un début avec la petite catégorie des « Niayes de Pikine » (Actuel As Pikine », je suis allé à l’Us Gorée avant de migrer vers le Ndiambour de Louga où J’ai passé neuf (9) années. Après mes passages dans ces clubs, j’ai été vice champion du Sénégal à trois (3) reprises (1997, 1998 et 1999) avant de remporter le trophée deux fois de suite. J’ai été parmi les quatre (4) meilleurs du championnat sénégalais durant huit années d’affilé. C’est en 1997 que j’ai eu ma première sélection en équipe national du Sénégal, c’était lors d’un match amical Sénégal -Burundi à Dakar. A l’époque de l´Allemand Peter schnittger.

Nous étions nombreux en sélection avec les Pape Ciré Dia, Henry Camara, Pape Niokhor fall, Assane Ndiaye, Pape Malik Diop, Issa Diakhaté, Eloi Roger Coly, etc. Après cette sélection, je suis revenu contre la Zambie, la Guinée, la Libye et le Togo à Lomé pour ne citer que ceux là.

Vous étiez régulier en équipe nationale, mais vous avez disparu de la circulation après la venue de Tony Sylva. Est-ce-que c´est sa présence qui vous a mis à l’écart ?

C’est vrai, j’étais régulier en équipe nationale pendant 5 ans. Les gens disaient même que j’étais la doublure d’Oumar Diallo. Nous étions trois gardiens réguliers à l’époque avec Ousseynou Ndiour, Oumar Diallo et moi. Au début des éliminatoires combinées Coupe du monde, Coupe d’Afrique 2002, la donne a commencé à changer surtout avec l’arrivé de Tony Sylva.

Et pourquoi l’intégration de Tony Sylva a bouleversé les données ?

Avant la convocation de Tony Sylva pour le match contre le Burkina Faso à Ouagadougou, Tony lui même a offert un blouson à Mansour Wade (A l’époque préparateur des gardiens) par le billet de l’attaquant international Moussa Ndiaye sélectionné pour ce match. Le geste c’est passé devant moi. D’ailleurs, Mansour Wade l’avait vendu à Oumar Diallo lors de notre match contre l’Algérie.

Lors de notre prochaine rencontre, Tony a été appelé pour rejoindre la « Taniére » sans même prendre part aux séances d’entrainement, encore moins au regroupement des lions. Et le jour du match on l’a titularisé dans les buts. En équipe nationale, j’ai vécu des choses vraiment bizarres et inexplicables. Dans la tanière il faut avoir un protégé sinon on ne vous appelle pas en sélection même si vous êtes performants en club. Mais quand Tony débarquait dans la « Taniére » il n’était pas compétitif. Les dirigeants faisaient ce qu’ils voulaient et la majeure partie d’entre eux en ce moment, étaient des corrompus. Pour mon cas personnel, on ne m’appelait plus parce que je dérangeais des entraineurs adjoints comme Abdoulaye Sarr qui a tout fait pour me virer de l’équipe nationale du temps de Peter Schniger. Il est allé même jusqu’à dire á Peter de me virer. En fait mes rastas le dérangeaient mais Peter et Bruno Metzu savaient tout. Un jour, il m’a clamé à Peter qui nous a convoqué en réunion à trois. Il a dit à Peter de me demander d’enlever mes rastas mais Peter a juste rigolé et lui a posé une question bizarre.

 Quelle était la question ?

Il dit à Abdoulaye, et moi qu’est ce que je vais faire avec ma tète qui n’a pas de cheveux ? C’était la question de l’entraineur envers Abdoulaye Sarr qui est restée « bouche bée ». Bruno Metsu l’ancien sélectionneur croyait beaucoup en moi et me conseillait toujours de croire à mes talents. Bruno était un homme bien. Il n’y a jamais eu de logique en équipe nationale. Je n’ai rien contre Tony Sylva, d’ailleurs je suis vraiment fier de lui pour ses performances en équipe nationale

Quels sont les moments qui vous ont le plus marqué dans la tanière ?

Sincèrement, beaucoup de choses m’ont marqué. J’étais dans la même chambre que Moussa Ndiaye, on a vécu des moments de bonheurs ensemble. Je me rappelle aussi de notre rencontre contre l’Algérie à Alger où on a fait escale à Tunis pour jouer en amical contre la Tunisie mais la prestation d’EL Hadji Diouf m’a marqué. C’est ce match qui a motivé les lions. On avait voyagé difficilement, même nos équipements n’étaient pas au complet. Diouf est un grand car durant les moments difficiles il nous encouragait. Il donnait du tonus sur le terrain et même dans les vestiaires. La chose qui m’a le plus marqué en équipe nationale du Sénégal, c’est le jour où on a commencé à effectuer nos regroupements à l’hôtel Ngor Diarama. Auparavant les regroupements se faisaient au stade Léopold Sedar Senghor dans un climat difficile. Pis encore, on n’avait même pas des équipements au complet. Le jour ou Peter nous a dit que maintenant les regroupements des lions se feront au stade Léopold Sédar Senghor, tout le groupe était heureux. On a beaucoup galéré au stade Léopold Sedar Senghor. A l’époque, en équipe nationale recevoir sa maigre prime de match était la croix et la bannière. Les dirigeants n’avaient aucun respect envers les joueurs.

Quel est le joueur qui vous a le plus marqué dans la tanière ?

Je dirai automatiquement Khalilou Fadiga. Il m’a beaucoup marqué. L’homme avait une générosité grandiose. Quand il venait en sélection, Il m’amenait des équipements à n’en plus finir. Il m’estimait beaucoup et me soutenait dans les moments les plus difficiles. En sélection nationale il était mon soutien moral.

Quelle appréciation faites-vous du parcours de l’équipe du Sénégal dans ces éliminatoires de la Can 2015 ?

Ecoutez, nous avons une très bonne équipe mais il nous manque un leader technique. L’équipe a fait une bonne entame pour ses éliminatoires. Malheureusement par manque d’expérience on a été battus par la Tunisie (1-0). Mais ce match là, on ne devait pas le perdre. Les joueurs ont manqué de maturité et de réalisme devant les buts. Mais bon dans le haut niveau certaines erreurs se payent cash. Maintenant, il nous reste deux matches à ne pas perdre. Contre l’Egypte au Caire, le Sénégal doit au minimum faire un match nul pour pouvoir préserver ses chances de qualification. Quand à l’entraineur Alain Giresse on doit le laisser travailler librement. Et je vois qu’il n’est pas libre dans ses choix. Pour remporter la rencontre contre l’Egypte il nous faut de vrais guerriers comme au Caire 86. Nous avons présentement de très bons joueurs. J’apprécie bien Stéphane Badji, Papy Djilabodji, Kara et les autres. Ce sont de vrais guerriers. Le peuple doit être derrière eux pour les soutenir moralement. Ils peuvent s’en sortir, j’y crois.

Interview réalisée par Boudal NDIATH

Journaliste et Consultant chez Africpost

 

 

 

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