Dans
douze petits jours, la capitale sénégalaise accueillera le monde francophone.
Le prétexte ; le sommet de la francophonie. Et Dakar
« s’honore » pour la deuxième fois, après celui de 1989. Pour
rappel, le choix porté sur notre capitale, exprimé lors de la session de
Brazzaville, fait suite à l’administration de la preuve de l‘indéniable maturé
politique du peuple sénégalais. Ce dernier venait d’opérer la deuxième
alternance politique après celle du 19 mars 2000. Dès lors un sommet de
dimension internationale apparait comme une récompense. Mieux, le continent
africain sortait de ce qu’on a appelé « le chaud printemps arabe » et
reste caractérisé par de fortes craintes sur l’ouverture démocratique de nombre
de pays. Beau prétexte ! Belle cause parce que démocratie avons-nous
dit !
Cependant,
ceci n’est que la face cachée de l’iceberg. Le sommet de la francophonie est
l’une des rares rencontres au monde – s’il n’est pas le seul – à regrouper purement et simplement les
communautés ayant en partage la langue de FRANCE. Le français – seul argument
de la rencontre des 29 et 30 novembre à Dakar, parait trop léger – voire
fallacieux – pour mobiliser toutes les énergies, les énormes moyens humains et
financiers ainsi que le temps. Pire, il offre ni plus ni moins qu’une tribune
de diagnostic situationnel de ladite langue afin de mieux peaufiner des
stratégies de maintien et/ou de consolidation d’une place dans le bruyant
concert de concurrence linguistique. En témoignent les nombreuses rencontres
préparatoires tenues sous nos cieux.
Des
thématiques calquées sur les franges sociales comme les jeunes, les femmes avec
en toile de fond la place et le rôle de ces derniers dans la paix, le
développement ont finis d’agacer plus d’un. Il ne se passe pas de semaine sans
qu’on nous serve de reportages, de pages spéciales en plein journal télévisé ou
en fin sur la RTS1. Et toutes les télévisions privées entrent dans la danse en
se taillant de très belles parts dans la vaste et couteuse campagne
publicitaire.
Sur
un tout autre registre, le sommet de la francophonie n’est rien d’autre qu’une
manifestation de la volonté néocoloniale. Ce constat justifie du reste les
innombrables initiatives de contre sommet à l’échelle du continent. En effet, il
traduit le verrou culturel de l’émancipation des anciennes colonies françaises.
Malheureusement, les chefs d’Etat apparaissent comme de loyaux répondants de
cette politique nostalgique de l’ancienne métropole.
Faisant
de la vassalisation de leurs pays un axe majeur de leurs professions de foi ou
des DPG respectives, les dirigeants africains se gargarisent d’un succès ou des
conditions de succès du sommet en question. Partout où il s’est tenu, le chef
de l’Etat et son gouvernement se sont démenés suspendant presque les autres
chantiers vitaux. Par ces temps qui courent, les autorités au plus haut niveau
ne parlent et n’agissent que francophonie. Ah oui ! c’est la France qui
choisit le patron de l’OIF. Le SG sortant, le sénégalais Abdou DIOUF - fils
spirituel du chantre de la négritude et aspirant mourir académicien français -
n’a –t- il pas préféré vivre en France, comme son mentor SENGHOR, après la
perte du pouvoir. Le déchu tyran Burkinabè Blaise COMPAORE n’avait –il pas été
pressenti pour lui succéder avec la bénédiction de « Papa » François
HOLLAND ?
Tout
ceci remet au gout jour certaines interrogations légitimes. Le sommet de la
francophonie a-il une fois fixé un agenda économique favorisant un partenariat
gagnant-gagnant entre les Etats membres ? Son format ainsi que son contenu
restent – ils adaptés à la géostratégie mondiale ? Nécessitent – ils une
mobilisation aussi forte des anciennes colonies aux multiples défis
sécuritaires, sanitaires – l’épidémie à virus Ebola n’a suscité qu’un très
tardif sommet sous régional de la CEDEAO - et de développement ? Quand est
ce que l’Afrique osera – à défaut de boycotter la francophonie pour la
bambaraphonie, la swalyphonie ou la wolophonie pour reprendre le brillant
chanteur ivoirien Tiken Jah FAKOLI – imposer un nouveau format avec un contenu
en phase avec la marche du monde ? Nos langues traditionnelles locales ont
– elles une fois servit de prétexte à une rencontre même nationale ?
La
colonisation d’alors se résumant en trois M : militaire, missionnaires et
marchands ; celle d’aujourd’hui, se
décline en trois M : mercenaires, médias et multinationales. Le sommet
biannuel de la francophonie, en tant que traduction du verrou culturel demeure
le parfait trait d’union du nouveau triptyque !!!!
Babacar
THIAM
Juriste
pubiciste
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