Le journaliste hamet Amadou Ly a publié il y a quelques mois ce deuxième
essai intitulé « Dalée Mawbé » laisser les ancêtres conserver en
pulaar .Il s’agit d’un ouvrage qui traite de la littérature orale ou les
genres musicaux traditionnel de la vallée du fleuve Sénégal .C ‘est un
livre de 76 pages, fruit d’une longue recherche qui date de 1998.Le journaliste
revient ici sur le contenu de cet ouvrage .Entretien
Hamet Amadou Ly, vous venez de publier un livre en langue puular qui a
comme titre « laissez les ancêtres conserver ». Parlez nous du
contenu ?
Le livre en puular a comme titre «« Ɗalee Mawɓe Ndeena »qui signifie littéralement « laissez les ancêtres conserver». Dans
ce livre il est question de la conservation des traditions peulhs surtout de nos chansons .Dans cet ouvrage, on y parle du « leelé » qui est
un genre musical introduit au fouta par Sidy Chérif
Mamadou et vulgarisé à Dakar et dans le monde par Samba Diop « leelé ».
On y parle également du « peekane » qui peut être une jonction entre des ethnies
comme le wolof et le puular par exemple. Le précurseur s'appelle Demba Dieye. Il vient de Diaraguel, mais il originaire de Toubé Dieye situé prés de Gandiol où il y'a un peuple
wolof. Le « peekane » c'est un genre traditionnel puular réservé aux pécheurs
du clan Dieye. Un clan qui est aujourd’hui devenu très large grâce à l'action
de Guelaye Aly Fall. Il a pris le « peekane « au Fouta pour le vulgariser à travers le pays.
Dans ce livre, on parle également du « yeela
et du « goumala » qui est un
hymne réservé au Ceedo .On y parle aussi du « thiaydé » qui est un événement
exceptionnel du fait que c'est à partir de cet événement du « thiaaaylé »
qu'on choisissait la plus belle femme ou la plus belle fille du village. On y
choisit également les gens qui ont marqué l'année. Et ça se fait habituellement
pendant la fête de la tabaski. Dans ce livre, je parle du « booojal »
qui est un hymne des « guaaaddjii goumal », c'est une génération de
peulhs qui a voulu marqué une rupture parce que la vie qu'ils menaient ne leur
convenait pas. Bien vrai qu'il y avait de la viande et du lait en abondance,
mais les gens ne vivaient pas aisément. C’est là, qu’Ils ont quitté leur village pour se refugier sous un arbre appelé
le « goumal », et créer
une hymne de bravoure: le « boojal ». Cette chanson est née entre
1942 -1948 de « sénegou koumba »
et elle a été répandue par Birame Ndiaye et Mamadou Fadel.
Dans le livre je parle aussi de l’origine du «
hoodou », c'est à dire le « Khalam ». Son sens, son évolution
passant de 3 à 7 cordes aujourd’hui dans
certaines localités. Voici ainsi une bréve explication de ce qui est contenu
dans mon livre. Je l'ai rédigé en langue
puular parce que je jugeais plus intéressant de l'écrire dans cette langue, d'autant
plus que les investigations ont été faites en langue puular.
Qu'est ce qui a été votre source d’inspiration ? Et dites moi, avez-vous
le pressentiment que la culture Pulaar est menacée ?
D'un coté oui, mais de l'autre non car je pense
qu’il y a une richesse exceptionnelle de
la tradition oral. Rien qu'à regarder
Guelaye Aly Fall, ce grand poète. La manière avec laquelle il exposait ses chansons répondait exactement aux
exigences du monde moderne, de la
littérature moderne européenne. Guelaye Aly Fall est un chanteur, mais il est aussi
un poète de par ses rimes et leurs dispositions. Je peux même me permettre de
dire qu’il était dramaturge et comédien.
Par exemple, quand je prends la chanson
de « Hamet Birome Mody Komé », où il chante « Balla jeerel ». Guelaye Aly Fall fait d'abord un exposé des
faits. Aussi, dans l'architecture du dramaturge, il y'a l'exposition du problème,
le nœud, les péripéties, le dénouement et la leçon de moral. Guelaye n'a
jamais été à l'école française, et pourtant c'est exactement de la sorte qu'il
étalait ses chansons. Dans ce livre, j'ai voulu montrer la grandeur de nos artistes et la richesse de
la tradition peulh.
En ce 3éme millénaire, est ce que la
culture puular est bien conservée ?
Bon, les
gens essaient quand même. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’il faut faire
un retour aux sources. Je pense bien que ces genres d'œuvres peuvent participer
à la conservation de nos valeur. Ces
valeurs seront conservées que par des écrits, des films et des émissions radio
et autres.
En ce troisième millénaire, on est tous dans l'obligation
de préserver nos valeurs culturelles et traditionnelles.
BOUDAL NDIATH
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