jeudi 2 juillet 2015

Sénégal: Trois questions á Monsieur Souleymane SOKOME, juriste et politologue



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Le Sénégal vient de remettre le mandat du Président de l’Assemblée nationale á 5 ans. Quelle analyse en faites vous?
L´article 60 de la constitution sénégalaise stipule clairement que les députés à l’Assemblée nationale sont élus au suffrage universel direct. Leur mandat est de cinq ans. Donc juridiquement et politiquement parlant il n´est pas logique que le mandat du Président de l´Assemblée nationale soit une année. Je me pose d´ailleurs la question de savoir « comment un deuxiéme personnage de l´Etat jouant un rôle essentiel dans la vie politique d´une nation et disposant de nombreuses prérogatives peut avoir un mandat inférieur á la législature? Pour un pouvoir législatif digne, stable et respectueux, il fallait absolument une nouvelle loi modifiant l´incohérence politique initiée par Sada Ndiaye et adoptée en 2008 pour écourter le mandat du Président de l´Assemblée nationale á l´époque en l´occurrence l´actuel Président de la République, le Président Macky Sall.
Quelle appréciation faites-vous de la modification du réglement interieur de l’Assemblée nationale qui vient d’être votée par le parlement sénégalais pour augmenter le nombre de députés pour un groupe parlementaire ?
Vous savez dans les démocraties á régime présidentiel ou parlementaire la survie du pouvoir exécutif dépend de la stabilité du Parlement. La création facile d´une conjonction de groupes parlementaires incapables de s´allier pour constituer une nouvelle majorité pourrait aboutir á des blocages causant l´instabilité gouvernementale. Pour éviter cela plusieurs pays imposent 15 députés pour former un groupe parlementaire. Par exemple dans la plupart des pays de l´Union européenne y compris le Parlement européen. L´inconvénient est que dans ce cas de figure, il est difficile pour un député d´exister á l´Assemblée nationale sans groupe parlementaire.  
Depuis quelques  temps on constate une relation tendue au sein de Benno Book Yaakar notamment entre le Ps et l’Apr. Est ce cela n’annonce pas la fin d’un compagnonnage entre alliées ?
La gestion d´une coalition politique peut s´avérer difficile sans une coordination efficace et de bonnes communications internes en dehors des idéologies politiques différentes. Donc il faut faire preuve de souplesse et d´ouverture d´esprit mais surtout primer l´intérêt général sur l´intérêt particulier. La Chanceliére allemande Angela Merkel totalise par exemple deux grandes coalitions pacifiques en trois mandats. Chez les politiciens allemands quelles que soient leurs divergences politiques, s’il s’agit de défendre l’intérêt de l’Allemagne ils se regroupent tous en une seule personne. C’est quelque chose qu’on devait prendre comme référence chez nous au Sénégal. 
Interview réalisée par Boudal Ndiath
 

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