samedi 2 mai 2015

MAKAILA NGUEBLA: « JE CONTINUERAI A DENONCER ,JESPERE QUE CE COMBAT POUR LA DIGNITE HUMAINE ET LA JUSTICE SOCIALE TRIOPHERA UN JOUR POUR LE PEUPLE THADIEN »


 
 Makaila NGUEBLA, est journaliste-blogueur, réfugié politique Tchadien vivant actuellement en France .Ce blogueur tchadien fait partie de ces nombreux africains qui sont chassés de chez eux à cause de leur liberté d’expression .Ce jeune Tchadien rejeté par ses frères africains est accueilli par la France en 2013.Makaila continu son combat pour la libération de son peuple opprimé par le régime d’Idriss Deby au pouvoir depuis 25 ans .Dans cet entretien que le journaliste blogueur tchadien nous a accordé depuis Paris, il revient sur son séjour au Sénégal ,les conditions dans lesquelles il a été expulsé et la situation de son pays le Tchad .Entretien

 MAKAILA POURQUOI VOUS AVEZ QUITTE VOTRE PAYS LE THAD ?

 Makaila NGUEBLA : d’abord, je vous remercie de l’intérêt continu porté à mon parcours. J’ai quitté le Tchad pour de raisons d’études. J’ai étudié d’abord l’administration commerciale à l’Institut Tuniso-canadien de Gammarth. En 2001, depuis Tunis, j’ai publié plusieurs articles  sur la situation sociopolitique du Tchad dans la rubrique « Vous et Nous » de l’Hebdomadaire, Jeune Afrique afin d’attirer l’attention de l’opinion internationale sur le déficit démocratique dans mon pays. Les publications de ces articles dans les colonnes de Jeune Afrique sont à l’origine de mes ennuis avec le régime d’Idriss Deby. Figurez-vous, cela fait bientôt 25 ans qu’il est à la tête du pays sans penser à quitter le pouvoir ni par les voies des urnes ni par les voies des armes.

VOUS VOUS ETES REFUGIE DANS DES PAYS AFRICAINS NOTAMENT LE SENEGAL D'OU ON VOUS A EXPULSE .DITES NOUS DANS QUELLE CONDITION ?

Makaila NGUEBLA : Je suis arrivé au Sénégal en 2005 en provenance de la Tunisie. J’ai  sollicité l’asile politique auprès de la Commission Nationale d’Eligibilité  au statut de réfugié (CNE) pour réclamer une protection internationale. Mais ce statut m’ a été refusé en 2005 puis en 2008. Depuis lors, j’ai saisi la RADDHO, la LSDH, l’ONDH, le FSS (forum social sénégalais), Amnesty International ainsi que des personnalités comme Ahmat Dansokho et Moustapha Niasse afin de solliciter leurs interventions auprès des autorités sénégalaises compétentes.

Malgré toutes ces démarches, le gouvernement sénégalais ne m’a pas concédé ce statut de réfugié politique. Le 07 mai 2013, j’ai reçu un appel du commissaire Ndiaye, il travaille à la Direction de Surveillance du Territoire, me convoquant de me présenter dans ses locaux. Une fois arrivé en compagnie d’un responsable d’Amnesty International. Le commissaire Ndiaye et deux inspecteurs m’ont notifié mon arrestation. Mes deux portables ont été confisqués. Ils m’ont auditionné sur le contenu de mon blog, sur mes sources d’informations et m’ont montré des échanges de mails avec des journalistes et blogueurs tchadiens. Ceux-ci, ont été arrêtés au Tchad. Après 5 heures d’interrogatoire, les limiers de la DST, m’ont  conduit chez moi afin de prendre mes affaires. J’ai été de nouveau emmené au commissariat de Dieupeul où j’ai été détenu de 15 h jusqu’à 20 heures 30mn. Ils m’ont ensuite enlevé de cette cellule pour me conduire à l’aéroport, menotté, privé d’eau et à manger toute la journée.

C’est à partir de minuit que j’ai su que l’on va m’expulser vers Conakry, évitant de justesse une extradition vers le Tchad. J’étais vraiment bouleversé ce jour et ma vie a totalement basculé dans un pays où j’ai vécu sans histoire et paisiblement pendant 7 ans, connu de tous.

 

VOUS ETES ACTUELLEMENT EN FRANCE .COMMENT VOUS ETES ACCEUILLI LA BAS ET DANS QUEL CONDITION ETES VOUS ?

 Makaila NGUEBLA : après avoir vécu deux mois en Guinée, la mobilisation  sans relâche de mes soutiens au Sénégal et dans le monde, a fini par me donner un nouvel espoir. L’Espagne avait bien avant la France, annoncé m’accueillir. Mais finalement, c’est la France qui m’a délivré un visa via son Ambassade à Conakry.Je suis arrivé à Paris le 13 juillet 2013.

J’ai été accueilli d’abord par des amis Tchadiens, puis par France –Terre d’Asile, la maison des journalistes et maintenant, je vis chez moi en région parisienne.

Aujourd’hui, je suis titulaire de ce statut de réfugié que le Sénégal m’a privé et Je me débrouille comme toute autre personne.J’anime mon blog sur le  Tchad et  l’Afrique. Je viens de terminer une formation en Journalisme On Line à EFFICOM et cherche à faire un projet  sur les questions des libertés et des droits humains dans plusieurs africains afin de mieux informer l’opinion internationale.

 
ETES VOUS PRET A REGAGNER VOTRE PAYS LE THAD ?

 Makaila NGUEBLA : pour le moment, le retour au Tchad n’est pas à l’ordre du jour, étant donné que le pouvoir d’Idriss Deby excelle dans la répression et le mépris du peuple tchadien. Je continuerai à le dénoncer et j’espère que ce combat pour la dignité humaine et la justice sociale triomphera un jour pour le peuple tchadien opprimé pendant 25 ans par un régime crapule et prédateur des libertés.

 QUEL EST LA SITUATION POLITIQUE DE VOTRE PAYS EN CE MOMENT ?

 Makaila NGUEBLA : le Tchad vit dans une impasse totale. La situation politique, sociale, économique est désastreuse. Une démocratie maquillée dans laquelle se commettent d’indescriptibles violations des droits humains auxquelles aucune voix associative, institutionnelle ne s’indigne ni s’émeuve. Parce que l’opinion internationale estime que le régime tchadien dispose d’une armée devenue indispensable dans la lutte contre le terrorisme alors que c’est la même armée tchadienne qui empêche son peuple de manifester pacifiquement.

Devant ce constat alarmant, seule une mobilisation générale des Tchadiens pourrait modifier le rapport de force avec le pouvoir actuel et conduire le pays vers une démocratie effective, un Etat de Droit qui respecte les libertés et la justice sociale.

Pour finir, je remercie tous les Sénégalais et étrangers qui vivent au Sénégal qui m’ont manifesté leur soutien et solidarité lors de mon expulsion de ce pays, épris de justice et dignité humaine.

Je pardonne  ceux qui ont été associés de près ou  de loin à cette  basse manœuvre pour m’expulser du Sénégal mais sans oublier.

BOUDAL NDIATH
                                             JOURNALISTE –CONSULTANT CHEZ AFRICPOST

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