Makaila
NGUEBLA, est journaliste-blogueur, réfugié politique Tchadien vivant
actuellement en France .Ce blogueur tchadien fait partie de ces nombreux
africains qui sont chassés de chez eux à cause de leur liberté d’expression .Ce
jeune Tchadien rejeté par ses frères africains est accueilli par la France en
2013.Makaila continu son combat pour la libération de son peuple opprimé par le
régime d’Idriss Deby au pouvoir depuis 25 ans .Dans cet entretien que le
journaliste blogueur tchadien nous a accordé depuis Paris, il revient sur son
séjour au Sénégal ,les conditions dans lesquelles il a été expulsé et la
situation de son pays le Tchad .Entretien
VOUS VOUS ETES REFUGIE DANS DES PAYS AFRICAINS
NOTAMENT LE SENEGAL D'OU ON VOUS A EXPULSE .DITES NOUS DANS QUELLE CONDITION ?
Makaila NGUEBLA : Je suis arrivé au Sénégal en 2005 en provenance de la Tunisie. J’ai sollicité l’asile politique auprès de la
Commission Nationale d’Eligibilité au
statut de réfugié (CNE) pour réclamer une protection internationale. Mais ce
statut m’ a été refusé en 2005 puis en 2008. Depuis lors, j’ai saisi la RADDHO,
la LSDH, l’ONDH, le FSS (forum social sénégalais), Amnesty International ainsi
que des personnalités comme Ahmat Dansokho et Moustapha Niasse afin de
solliciter leurs interventions auprès des autorités sénégalaises compétentes.
Malgré
toutes ces démarches, le gouvernement sénégalais ne m’a pas concédé ce statut
de réfugié politique. Le 07 mai 2013, j’ai reçu un appel du commissaire Ndiaye,
il travaille à la Direction de Surveillance du Territoire, me convoquant de me
présenter dans ses locaux. Une fois arrivé en compagnie d’un responsable
d’Amnesty International. Le commissaire Ndiaye et deux inspecteurs m’ont
notifié mon arrestation. Mes deux portables ont été confisqués. Ils m’ont
auditionné sur le contenu de mon blog, sur mes sources d’informations et m’ont
montré des échanges de mails avec des journalistes et blogueurs tchadiens.
Ceux-ci, ont été arrêtés au Tchad. Après 5 heures d’interrogatoire, les limiers
de la DST, m’ont conduit chez moi afin
de prendre mes affaires. J’ai été de nouveau emmené au commissariat de Dieupeul
où j’ai été détenu de 15 h jusqu’à 20 heures 30mn. Ils m’ont ensuite enlevé de
cette cellule pour me conduire à l’aéroport, menotté, privé d’eau et à manger
toute la journée.
C’est à
partir de minuit que j’ai su que l’on va m’expulser vers Conakry, évitant de
justesse une extradition vers le Tchad. J’étais vraiment bouleversé ce jour et
ma vie a totalement basculé dans un pays où j’ai vécu sans histoire et
paisiblement pendant 7 ans, connu de tous.
VOUS ETES ACTUELLEMENT EN FRANCE .COMMENT VOUS ETES
ACCEUILLI LA BAS ET DANS QUEL CONDITION ETES VOUS ?
J’ai été
accueilli d’abord par des amis Tchadiens, puis par France –Terre d’Asile, la
maison des journalistes et maintenant, je vis chez moi en région parisienne.
Aujourd’hui,
je suis titulaire de ce statut de réfugié que le Sénégal m’a privé et Je me
débrouille comme toute autre personne.J’anime mon blog sur le Tchad et l’Afrique. Je viens de terminer une formation
en Journalisme On Line à EFFICOM et cherche à faire un projet sur les questions des libertés et des droits
humains dans plusieurs africains afin de mieux informer l’opinion
internationale.
Devant ce constat alarmant, seule
une mobilisation générale des Tchadiens pourrait modifier le rapport de force
avec le pouvoir actuel et conduire le pays vers une démocratie effective, un
Etat de Droit qui respecte les libertés et la justice sociale.
Pour finir, je remercie tous les
Sénégalais et étrangers qui vivent au Sénégal qui m’ont manifesté leur soutien
et solidarité lors de mon expulsion de ce pays, épris de justice et dignité
humaine.
Je
pardonne ceux qui ont été associés de
près ou de loin à cette basse manœuvre pour m’expulser du Sénégal
mais sans oublier.
BOUDAL
NDIATH
JOURNALISTE –CONSULTANT CHEZ
AFRICPOST
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